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13 juin 2013 4 13 /06 /juin /2013 17:32

Film américain sorti le 12 juin 2013

Réalisé par J.J. Abrams

Avec Chris Pine, Zachary Quinto, Benedict Cumberbatch,…

Science-fiction, Aventure, Action

Alors qu’il rentre à sa base, l’équipage de l’Enterprise doit faire face à des forces terroristes implacables au sein même de son organisation. L’ennemi a fait exploser la flotte et tout ce qu’elle représentait, plongeant notre monde dans le chaos… Dans un monde en guerre, le Capitaine Kirk, animé par la vengeance, se lance dans une véritable chasse à l’homme, pour neutraliser celui qui représente à lui seul une arme de destruction massive. Nos héros entrent dans un jeu d’échecs mortel. L’amour sera menacé, des amitiés seront brisées et des sacrifices devront être faits dans la seule famille qu’il reste à Kirk : son équipe.

J.J. Abrams is back again ! Celui que les critiques se plaisent à appeler l’héritier de Steven Spielberg ! Un statut d’autant plus logique à leurs yeux que ce dernier est devenu son ange-gardien. L’unique réalisateur de « blockbuster » américain à être soutenu par ces chers Cahiers du cinéma et Les Inrocks ! Le grand génie du petit écran U.S. grâce à ses séries comme « Alias » et « Lost » ! Le maître du secret et du « buzz » capable de rendre hystérique une communauté « geek » acquise à sa cause et toujours prête à décortiquer de façon délirante la moindre miette que ce nouveau démiurge à casquette daigne bien lui semer ! Un touche-à-tout qui ne dort jamais et qui s’apprête à s’atteler au projet cinématographique le plus suicidaire de ces dernières années : ressusciter Star Wars après une « prélogie » lénifiante et être le premier réalisateur à s’atteler à cet univers sans être parasité par l’ombre imposante de ce Grand Créateur inattaquable qu’est George Lucas ! Quel C.V. pour un « jeune » cinéaste ! Mais à présent il poursuit d’abord dans cet autre « space-opera » concurrent qu’est Star Trek, auquel il avait donné un « reboot » cinématographique qui, reconnaissons-le, était salutaire dans le rétablissement de ce monde popularisé par une série télévisée pourtant mythique et loin d’être idiote.

Néanmoins, avant de faire la critique de son dernier ouvrage, il serait bien de redescendre légèrement son auteur de son piédestal. J.J. Abrams, malgré sa tentative de lui ressembler jusqu’à un point de vue strictement vestimentaire, n’est pas le Spielberg de notre génération. A son âge, Spielberg avait réalisé deux « road-movies » angoissés, un film de monstre indétrônable, un long métrage science-fictionnel moderne et pacifiste allant à l’encontre de ce à quoi le genre était habitué à l’époque,… Que des projets originaux reflétant un style et une identité immédiatement discernable. Certes, J.J. Abrams vient lui aussi de la télévision, bien qu’on lui attribue à tort le mérite de séries entières alors qu’il s’est parfois contenté de rédiger une structure narrative large et d’en réaliser le tout premier épisode. Mais son embrayage dans le domaine du cinéma est moins jubilatoire et original : la suite d’une série (Mission Impossible 3), le « reboot » d’une vieille série (Star Trek), le « remake » masqué d’un classique de la S.F. sorti en 1982 (Super 8, vendu comme un projet original alors qu’il repompait intégralement une imagerie popularisée par le studio Amblin tout en la mâtinant d’un peu de Jurassic Park), et maintenant la suite du « reboot » de la vieille série (Star Trek - Into Darkness) avant la suite-« reboot » d’une énième franchise ne lui appartenant pas (Star Wars VII). A l’inverse de son illustre modèle, J.J. Abrams n’a pas une personnalité très marquée si l’on ôte son goût pour les « lens flare » qu’il tente de modérer depuis peu. C’est, au mieux, un bon faiseur qui emploie des ficelles télévisuelles pour les appliquer plus ou moins judicieusement à un format cinématographique.

Le mode de fonctionnement du bonhomme est une véritable machine rodée. On part d’une trame de base alléchante. Puis on la filme en huis clos comme si le tournage était classé « secret défense », ce qui confère logiquement une aura intrigante à un film forcément important et génial si l’on se donne autant de mal pour en cacher le contenu. Les « geeks » s’excitent sur quelques photos volées et sur quelques mystérieux détails flous dans des bandes annonces savamment construites afin de permettre l’élaboration de toute une mythologie soutenant un film que personne n’a alors encore vu. Le buzz monte. On fait le tour de toutes les conventions S.F. d’Amérique en proposant un morceau exclusif de la chose qui soit suffisamment vague pour ne rien révéler mais aussi suffisamment évocateur pour que l’Internet explose littéralement. Et enfin on sort la bête et on fait exploser les records du meilleur premier week-end au box-office U.S., avant de cacher le fait que le second voit toujours une chute vertigineuse de la fréquentation. Mais le mal est fait, le film est déjà rentabilisé que l’on réalise soudain qu’il n’était peut-être pas aussi mémorable et digne de ces attentes démesurées.

Peu de cinéphiles iront arguer que Mission Impossible 3 surpasse les opus bien plus maîtrisés, trépidants et passionnants de Brian De Palma ou de Brad Bird. Le début est, comme souvent chez Abrams, très prometteur. Des restes vraisemblablement de son expérience télévisuelle : il faut commencer en fanfare pour gagner la confiance du téléspectateur et le faire revenir devant son écran une fois par semaine pendant deux ou trois mois. Mais comme toujours chez Abrams, le dernier acte finit par se dégonfler, révélant ainsi l’extrême artificialité d’un objet visant le rebondissement pour le rebondissement. A ce titre, Mission Impossible 3 est un cas éloquent. Pendant une heure et demie, on s’éclate et on tremble avant de passer les trente dernières minutes à se cacher les yeux devant ces revirements visant à ramener, de manière parfois absurde, le film sur les rails du « blockbuster PG-13 » prévu pour passer en « prime time » tout en étant segmenté de dix coupures publicitaires pensées en amont. De même pour Super 8 qui s’attribuait les mérites d’un Spielberg ou d’un Joe Dante. La reprise de leurs « gimmicks » permettait de se mettre le spectateur nostalgique dans la poche mais ne dupait pas un cinéphile plus avisé et moins à même de tout accorder aveuglément à un cinéaste plagiaire.

Certes, un Brian De Palma a construit sa filmographie sur le plagiat, mais ses citations sont assumées et sont détournées afin de donner lieu à de nouvelles configurations scéniques. Chez Abrams, elles ne sont prises qu’au premier degré puis régurgitées par un cinéaste voulant faire croire à qui veut l’entendre que Super 8 est fidèle à son enfance. Une enfance donc en tout point similaire à ce fantasme qu’était pourtant l’enfance à la Amblin. L’efficacité des ficelles permettaient de belles séquences ; ce n’est pas pour rien qu’elles étaient utilisées par de grands cinéastes comme Dante ou Spielberg. Mais elles n’étaient qu’une reconstitution pâlotte, faussement personnelle mais véritablement mercantile. Bien évidemment, le final de Super 8 révélait la roublardise de son metteur en scène avec un retournement d’une facilité écœurante, un climax malhonnête et du symbolisme spielbergien qui n’était de toute évidence pas le fait d’Abrams mais de son célèbre producteur. Un schéma qui se reflète aussi sur les propres productions du bonhomme. Cloverfield fut vendu de mains de maître mais ne restait rien de plus que l’énième avatar du « found footage movie » qui avait parfois beaucoup de mal à justifier son parti pris, notamment lors des scènes dramatiques. Ce n’était au fond qu’un autre « rip-off » n’apportant rien de neuf et lorgnant cette fois du côté de Godzilla.

Le Star Trek d’Abrams fonctionnait mieux malgré des dialogues d’une rare bêtise, ce qui n’était pas étonnant vu le C.V. de ses scénaristes. La refonte totale de l’univers se faisait de manière ludique, « cool » et effrénée, soit par la négation totale de l’esprit de la série originelle. Bien plus adepte de la saga de Lucas, Abrams avait choisi de mélanger les deux univers pourtant rivaux. Car si Star Wars penchait résolument vers la fiction dans le terme « science-fiction », Star Trek se tournait davantage du côté de la science. Résultat : Star Trek version J.J. Abrams était moins une version modernisée de la série que l’ersatz du Star Wars que son cœur de « fanboy » rêvait de réaliser. On s’enthousiasma beaucoup à sa sortie, surtout parce qu’il livrait ce soupçon d’aventure spatiale innocente que la prélogie de George Lucas n’avait même pas été fichue de recréer. Pas étonnant que ce soit Abrams qui ait écopé de la lourde tâche de diriger Star Wars VII : son Star Trek faisait presque office de bande démo avec ses innombrables emprunts à la saga de Lucas. On peut néanmoins se chagriner qu’un choix si peu audacieux ait pu être fait tant l’on peut craindre un fort sentiment de redite pour ce prochain épisode. D’autant plus qu’il ne devrait pas vraiment différer d’un point de vue esthétique et qualitatif de ce Star Trek qui était gentiment sympathique à défaut d’être inoubliable.

Star Trek - Into Darkness, réalisé bien avant la tonitruante annonce, pourrait s’apparenter au dernier tour de chauffe d’Abrams avant le grand plongeon. Le film commence pourtant assez mal, ce qui n’est pas commun chez le réalisateur. On entre à peine dans le bain qu’on voudrait déjà en sortir. La première séquence d’action frôle l’illisible avec une caméra parfois de traviole, abusant de zooms excessifs tout en étant toujours en mouvement (travelling, « shaky-cam » puis travelling en « shaky-cam »…). A l’inverse d’un Spielberg, d’un James Cameron ou d’un John McTiernan (soit de grands réalisateurs d’action), J.J. Abrams ne fait pas naître du sens par les mouvements de sa caméra. Ceux-ci ne visent qu’à donner une illusion de rythme, d’énergie et de frénésie. Ça bouge donc c’est dynamique. L’esbroufe popularisée par la trilogie Jason Bourne. On saupoudre ça de bruits omniprésents afin de renforcer une vague immersion. C’est bruyant donc c’est forcément intense. C’est pire encore lors des scènes de discussions régulièrement barbantes et explicitant outrageusement les enjeux. Mais si les dialogues ne frisent pas le génie, ceux-ci sont quand même moins involontairement drôles que dans le premier opus.

En effet, il n’y a pas vraiment matière à rire dans cet épisode. Tout y est plus grâve et dramatique. Fini l’innocence de la première sortie dans l’espace et l’émerveillement des étoiles. Le terrorisme frappe aux portes de la Terre. Le film démarre enfin après un énième jeu de chaises musicales (Kirk étant encore destitué de son siège de capitaine avant de le réintégrer cinq minutes plus tard). On se demandera l’utilité d’une telle pirouette scénaristique qui ne sert qu’à contredire la finalité d’un premier épisode qui avait pourtant passé son temps à ne faire que ça afin de définitivement instaurer le jeune héros à ce poste illustre lors de la dernière scène. Néanmoins, on s’ennuie encore un bon quart d’heure avec de nouveaux emprunts à la saga de Lucas visant à renforcer une affiliation entre l’USS Enterprise (l’illustre vaisseau de Star Trek) et le Faucon Millenium rouillé (l’illustre vaisseau de Star Wars) qui était pourtant déjà lourdement entérinée dans l’aventure précédente. Puis on regarde sa montre lors d’une séquence entre deux vaisseaux spatiaux qui ressemble beaucoup à une poursuite déjà vue dans Le Retour du Jedi.

La donne change cependant avec l’arrivée du méchant de l’intrigue. Jusque-là très mystérieux et n’apparaissant de manière effective que dans moins d’une dizaine de plans lors des quarante premières minutes, le fameux traitre John Harrison dont le nom parsème la première partie entraine un changement de rythme assez salutaire. Il faut dire que J.J. Abrams, à l’inverse de l’épisode d’avant qui voyait un Eric Bana peu convainquant dans un rôle hautement anodin, a su débaucher à cette occasion l’un des plus brillants acteurs de sa génération : Benedict Cumberbatch. L’anglais au nom compliqué a une carrière admirable. Révélé dans l’excellente série « Sherlock », Cumberbatch a joué les seconds rôles dans Cheval de Guerre de Steven Spielberg, Reviens-moi de Joe Wright ou encore La Taupe de Thomas Alfredson, et il apparaitra sous les traits d’un dragon dans Le Hobbit - partie 2 : La désolation de Smaug par Peter Jackson, avant d’incarner Julian Assange dans le prochain film de Bill Condom, puis de participer à August : Osage County de John Wells, Twelve Years a Slave de Steve McQueen ainsi que le futur film de fantômes Crimson Peak de Guillermo Del Toro.

Un tel acteur n’a évidemment pas été choisi pour incarner un méchant de second ordre. Ce petit malin de J.J. Abrams compte trop sur le « buzz ». Le succès de son film dépend en grande partie de la satisfaction de ce que veulent les aficionados de Star Trek. Passons outre le « twist » identitaire au sujet du personnage de John Harrison, que n’importe qui ayant de vagues connaissances sur cet univers aura vu venir six mois avant la sortie du long métrage. D’autant plus qu’il est déjà éculé grâce à son utilisation abusive par un Christopher Nolan à l’occasion de sa trilogie Batman. Il n’est au final pas très intéressant, ni même important. Il dessert même le film alors qu’il aurait dû l’élever pour le transformer en « space-opera » aux allures de duel dantesque entre deux némésis. Pas de chance car cette révélation n’amène rien de plus que quelques « easter eggs » élaborés dans l’unique but de combler la faim du fan « geek » : un célèbre cri recyclé, une image de deux mains qui tentent de se toucher malgré une vitre les séparant et reprise d’un célèbre moment dans l’un des précédents films Star Trek,… Ce qui est plus ennuyeux, c’est que l’on croit à tort, une fois cette révélation faite, que ce méchant est le grand antagoniste de l’intrigue.

Ce n’est pas vraiment le cas puisqu’il se fait vite ravir la vedette par celui qu’on présente comme le véritable manipulateur des ficelles et qui se révèle être un personnage de charisme bien moindre. On craint pendant vingt minutes de voir se réitérer la grosse déception finale du The Dark Knight Rises de Christopher Nolan, qui voyait l’écartement soudain d’un méchant ultra fascinant au profit d’un chef machiavélique ridicule. J.J. Abrams ne va heureusement pas aussi loin et finit par redonner de l’importance à son « bad guy » illustre. Un bon point quand on se souvient du récent Iron Man 3 de Shane Black et de son traitement très respectueux du méchant le plus iconique ayant jamais affronté l’homme de fer dans les « comics ». Le problème est que le personnage incarné par Cumberbatch n’a jamais droit à la place qui aurait dû lui revenir. A peine apprend-on son identité qu’il est réduit à l’état de sous-fifre potentiellement amical. Et quand on apprend qu’il dupe finalement tout son petit monde et qu’il révèle de nouveau une nature de super-méchant, il disparait pendant un quart d’heure avant de réapparaitre in extremis lors d’un climax bâclé.

Si Cumberbatch surjoue avec un relatif plaisir son personnage, ce dernier n’est malgré tout pas la raison de la réussite relative de l’heure et demi restante. Cela n’enlève pas le fait que l’acteur ait plus de présence que tout le reste du casting réuni. Mais l’immiscion de son personnage dans l’intrigue amène surtout un changement de rythme qui la rend plus captivante. Une bonne moitié de film n’est pas loin de se dérouler en temps réel, ou du moins avec l’illusion d’un temps réel, puisque l’aventure se boucle en une poignée d’heures. Et ce, malgré une écriture toujours aussi téléphonée qui complique inutilement une intrigue rachitique tout en annihilant chaque possibilité thématique et empathique qui pouvait en découler. Mais à partir de ce moment précis, la mise en scène de J.J. Abrams se révèle tout d’un coup plus efficace. Il s’agit au final d’une seule et même grosse scène d’action (un peu comme dans Inception) disposant de quelques pauses salutaires avant que le grand huit ne reparte brusquement à coups de poursuite à la vitesse lumière, de décors rotatifs, de chute de l’Enterprise dans l’atmosphère terrestre et de « base-jump » dans l’espace. Ce saut vertigineux de Kirk est probablement la meilleure scène du film puisqu’elle parvient à instaurer une forte tension en jouant sur différents points de vue. Un morceau de coordination qui rappelle quelques-uns des moments les plus jubilatoires de Mission Impossible 3. Une redite en bien plus réussie de l’unique séquence d’action vraiment marquante du premier Star Trek, bien qu’elle demeure malgré tout infiniment moins immersive que la B.A. du Gravity d’Alfonso Cuaron (et on ne parle pas ici uniquement du respect des lois de la physique).

De l’émotion nait aussi de ces passages dramatiques alors que le reste du film s’était échiné à résoudre les traumas sommaires des personnages secondaires en deux coups de cuillères à pot. Le tout culmine avec un beau morceau de bravoure sacrificielle de la part du capitaine Kirk et dont l’impact est multiplié par la magnifique composition d’un Michael Giacchino que certains critiques ont condamnés en décrétant que sa musique était trop emphatique et par conséquent en décalage avec les images d’Abrams. Défendons-le malgré tout car il est clairement le seul de l’équipe à avoir assimilé le fait qu’il travaillait sur un « space-opera » épique. Il donne tout ; ce sont juste les autres qui n’ont pas suivi. Pourquoi le blâmer alors que ce sont tous les autres aspects de Star Trek Into Darkness qui ne sont jamais à la hauteur de ce qu’ils auraient dû être ? Même si, encore une fois, le résultat final n’est pas non plus indécent grâce à quelques séquences de haute volée. Si on frise l’indigestion de CGIs lors de certains passages, ceux-ci sont souvent crédibles et utilisés à bon escient. Et la 3D post-produite se révèle parfois plus évidente que des films tournés directement sous ce format.

Mais le « roller-coaster » déraille lors de son dernier quart d’heure. On pourra toujours féliciter Abrams d’être cette fois parvenu à limiter la durée de la déconvenue finale, mais il est difficile de nier que la conclusion du film bâcle plusieurs fils narratifs et des séquences potentiellement fortes par des facilités scénaristiques assez indignes. Après le sacrifice du capitaine, faisant un écho inversé à l’une des plus célèbres images de Star Trek – La colère de Khan dont le film est une relecture déguisée, « John Harrison » fait un brusque retour pour tenter d’avoir enfin droit à ce moment de gloire qu’il attend depuis deux heures. Mais ce n’est que pour le voir s’écraser sur les tours de San Francisco avec son gigantesque véhicule volant, faisant ainsi un vague écho évidemment intentionnel et futuriste au 11/09. La scène est franchement impressionnante, bien qu’éventée dans la quasi-intégralité des nombreuses bandes annonces ayant vendues le film sur tous les supports médiatiques imaginables (salles de cinéma, télévision, internet,…). La moitié de San Francisco y est détruite dans un barouf assourdissant. Tout cela annonce un climax de fou furieux mais la baudruche se dégonfle avec une courte poursuite à pied entre le fidèle Spock et son ennemi désormais juré. Le combat final n’est pas médiocre mais il achève de manière décevante une succession de séquences qui étaient à chaque fois de plus en plus dingues et intenses. A côté de ces dernières, l’affrontement définitif passe pour l’un des passages les moins impressionnants et concluants du film.

La ficelle consternante permettant l’inévitable renaissance de Kirk (on est dans du « PG-13 » calibré, ne l’oublions pas) pose encore davantage de problèmes puisque, outre le fait qu’elle soit grotesque, elle risque surtout d’annihiler le moindre sentiment de danger au cours des aventures suivantes. Et malgré les milliers de gens morts par le crash-attentat de John Harrison, tout finit bien : Kirk est en vie ! A l’instar des trois derniers James Bond où l’on annonçait triomphalement que 007 était enfin redevenu celui que l’on connaissait sans qu’on ne puisse pourtant le retrouver tel quel dans l’épisode suivant, l’équipe scientifique de l’Enterprise fait un « remake » de la scène finale du précédent Star Trek en annonçant fièrement qu’elle va bien partir explorer cette dernière frontière qu’est l’espace comme le faisait celle de la série télé. C’est tout ce qu’on leur (re)souhaite. Malgré ce que Star Trek : Into Darkness semble dire à son spectateur (un capitaine ne doit jamais quitter son vaisseau), J.J. Abrams vient d’abandonner ce qui était devenu sa franchise pour aller tenir les rênes d’un véhicule bien plus majestueux et glorieux pour sa personne. Vu les aptitudes limitées du cinéaste et son sens du récit, ce n’est pas très rassurant pour Star Wars VII. Mais son sens du spectacle devrait permettre à ce nouvel épisode d’être au moins (franchement) « fun » sur le moment bien que très oubliable par la suite, là où la prélogie de George Lucas, à l’exception de passages sporadiques dans La Revanche des Sith, ne remplissait aucune des conditions susmentionnées. Entre temps, J.J. Abrams ira voir le Pacific Rim  de Guillermo Del Toro afin de savoir quels monstres repiquer pour Cloverfield 2.

NOTE : 6 / 10

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commentaires

T
Je vous trouve vraiment dur avec ce film et avec Abrams. Bon, moins avec Abrams parce qu'au fond c'est très vrai cette histoire de resucées constantes. Mais en même temps, quelle idée de toujours vouloir toujours surnommer &quot;le nouveau Untel&quot; ? S'il est encore loin de certains 'grands' du cinéma, il est quand même au-dessus de la moyenne ! Tout comme ce film. Star Trek fait assez plaisir à voir en tant que SF quand on voit ce qu'on nous sert ces derniers temps. S'il reste plus dans la lignée d'un Iron Man 3 que d'un After Earth, il est franchement plus réjouissant que ces derniers sur le thème du divertissement. Je trouve seulement qu'il peine à apporter le charisme nécessaire à ses deux rôles principaux (Benedict, lui, est parfait), là où un Tony Stark se suffit à lui-même pour assurer le succès d'un film. Et il peine également à trouver d'autres dimensions que le pur divertissement, ça s'est certain. Et regrettable. Parce que les relations sont un peu bâclées et les moments émotion ne sont clairement pas bons !!<br /> Bref, tout ça pour dire que c'est quand même sympathique, et que, je l'avoue, j'ai quand même de l'affection pour J. J. , bien que Super 8 ait été (quasiment) une purge pour moi.
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D
Oui, je suis plutôt d'accord sur le fait que Star Trek, y compris sa suite, sont bien plus divertissants qu'Iron Man 3 ou qu'After Earth (bien que ce dernier soit surtout vendu par erreur comme un film d'aventure trépidant alors qu'il est beaucoup plus contemplatif).<br /> Le gros problème au final des films d'Abrams, c'est de n'être jamais mémorable, même en mal. Pas assez bon pour être inoubliable, et pas assez mauvais pour marquer les esprits. Au fond, je préférerai presque qu'il fasse de francs navets car ça m'amènerait à ne pas oublier ses films sitôt sortis de la salle.<br /> Mais on n'est jamais à l'abri d'une surprise pour Star Wars VII. Ce sera difficile de bouder un tel projet de toute façon.

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