- Film américain sorti le 16 décembre 2009
- Réalisé par James Cameron
- Avec Sam Worthington, Zoe Saldana, Sigourney Weaver,
- Science-fiction, Aventure
Malgré sa paralysie, Jake Sully, un ancien marine immobilisé dans un fauteuil roulant, est resté un
combattant au plus profond de son être. Il est recruté pour se rendre à des années-lumière de la Terre, sur Pandora, où de puissants groupes industriels exploitent un minerai rarissime destiné à
résoudre la crise énergétique sur Terre. Parce que l'atmosphère de Pandora est toxique pour les humains, ceux-ci ont crée le Programme Avatar, qui permet à des « pilotes » humains de
lier leur esprit à un avatar, un corps biologique commandé à distance, capable de survivre dans cette atmosphère létale. Ces avatars sont des hybrides crées génétiquement en croisant l'ADN humain
avec celui des Na'vi, les autochtones de Pandora. Sous sa forme d'avatar, Jake peut de nouveau marcher. On lui confie une mission d'infiltration auprès des Na'vi, devenus un obstacle trop
conséquent à l'exploitation du précieux minerai. Mais tout va changer lorsque Neytiri, une très belle Na'vi, sauve la vie de Jake...
Succès public presque certains et
conséquents et rejet constant de la presse jusque très récemment, avant qu'elle ne se mette à reconsidérer son oeuvre et à se mettre (enfin) à les analyser. Au même titre qu'un Spielberg, James
Cameron a trop longtemps été considéré comme un (très) bon faiseur de films commerciaux. Pourtant le bonhomme a un CV en béton, hormis une participation plus qu'houleuse au navet horrifique
Piranha 2 : Les Tueurs volants. C'est lors de la postproduction mouvementée de ce dernier qu'il aurait fait un rêve : un robot sortant d'un brasier de flammes. Inspiré, il
réalisera donc Terminator en 1984, chef d'oeuvre de la science fiction où un robot est envoyé dans le passé pour tuer la future mère du futur chef de la résistance humaine, John Connor,
lors de la guerre qui opposera les humains aux machines. Deux ans après, il a l'audace de réaliser la suite d'un autre chef d'oeuvre de la SF, l'Alien de Ridley Scott. Aliens le
retour est une suite qui se veut plus proche du film de guerre et qui, en plus d'une mise en scène virtuose, bénéficie d'une bonne écriture du personnage de Ripley grâce à sa relation avec
une jeune rescapée qui deviendra sa « fille adoptive ». En 1989, Cameron sort son projet le plus personnel et son plus abouti, Abyss. Le film, qui mélange le drame, le thriller
claustrophobe et la science fiction, se déroule presque entièrement sous l'eau et demande un budget important. Le tournage sera connu comme l'un des pires de l'histoire du cinéma et l'accueil
critique et public sera mitigé, mais le film est un vrai chef d'oeuvre et est heureusement reconnu comme tel aujourd'hui. Il renoue avec le public en réalisant une suite, Terminator 2 :
Le Jugement dernier, qui surpasse en de très nombreux points le premier épisode notamment dans la mise en scène de scènes d'action devenu mythiques. Il réalise trois ans après un film plus
léger mais toujours efficace en termes d'action, True Lies, qui est un remake de La Totale de Claude Zidi. Enfin en 1997, il sort le film de tous les records, Titanic, qui,
contrairement à ce que tout le monde présageait, fera le plus grand carton de tous les temps et qui remportera onze oscars. Quelques années auparavant il pensait déjà à son Avatar, connu à
l'époque sous le nom de Project 880, mais à dû attendre que la technologie soit suffisante à sa vision. Grâce à des films de Peter Jackson, comme la trilogie du Seigneur des Anneaux
et le remake de King-Kong, ou des films de Zemeckis tels que La Légende de Beowulf ou Le Drôle de Noël de Scrooge, Cameron a enfin pu concrétiser son rêve d'adolescent
et nous livre cet Avatar que l'on peut considérer comme le plus beau cadeau de Noël pour un cinéphile. Le nouveau logo de la Twenty Century Fox apparait, puis écran noir où s'élève une
musique tribale suivi dun plan aérien sur une jungle tout en s'approchant de plus en plus des arbres alors que les percussions s'intensifient, écran noir soudain... Le voyage peut commencer.
On aura beaucoup entendu parler d'Avatar ces dernières années et le cinéma tremblait rien
qu'à l'idée de ce que Cameron allait nous sortir : selon ses dires, rien de moins qu'une révolution visuelle. Après un buzz savamment orchestré auprès des "geeks" et une campagne
marketing à la ramasse jusqu'au deux semaines précédant la sortie dudit évènement, que peut-on dire d'Avatar ? D'abord que, malgré le fait que la barre était placée très
haut, l'exploit est largement remporté et dépasse même nos espérances. Certes Avatar n'est pas tant une révolution qu'une forte évolution technique et visuelle vu qu'il n'a fait
« que » réutiliser des techniques déjà utilisées, comme la fameuse « performance capture », et les pousser à leur maximum (mais de très, très loin par rapport aux autres
productions). James Cameron utilise aussi une nouvelle caméra pour la 3D qui possède le même fonctionnement que l'oeil humain. Ceci a comme magnifique conséquence de vous permettre de regarder le
film de près de trois heures en trois dimension sans éprouver de mal de crâne. Mais cette 3D a surtout pour but de vous immerger totalement dans l'univers de Pandora. L'effet en est hallucinant
puisque les insectes et les méduses lumineuses viennent voler à côté de vous pendant que la végétation luxuriante vous environne complètement. Par cette 3D vous ne voyez pas Pandora, vous êtes
sur Pandora. Les séquences dans la jungle de jour étant déjà d'une beauté à couper le souffle, celles de nuit explosent littéralement tout ce qui a pu être vu ces dernières années. Le paysage
s'illumine par des plantes et des animaux phosphorescents, ce qui n'est pas sans rappeler les fonds marins, la grande passion de Cameron, et les dernières séquences au fond du gouffre dans
Abyss.
Mais la beauté et la pureté de Pandora cache aussi une certaine sauvagerie notamment grâce à un bestiaire terrifiant comptant entre autre
des Banshees, « Ikran » en langage na'vi, des sortes de dragons-ptérodactyle ou encore des Thanators, des fauves sombres et gigantesques aux dents très acérées. Le monde de Pandora est
pensé de manière scientifique du point de vue de l'évolution, les animaux ayant des points communs comme leur nombre de pattes, mais aussi au niveau de la création de la culture des Na'vis, avec
une langue véritablement imaginée pour les besoin du film par des linguistes. A l'instar de Peter Jackson qui avait crée de manière cohérente « Skull Island » dans son King-Kong,
Cameron veut impérativement rendre crédible le monde de Pandora. C'est surement la grande force du film : créer un monde nouveau mais logique d'une beauté époustouflante tout en recelant de
nombreux dangers. Avant la sortie même d'Avatar, de nombreuses personnes considéraient les images disponibles, souvent sur le net et de mauvaise qualité, comme celles d'un (vieux) jeu
vidéo ou d'un dessin animé. L'incompréhension pour cet avis ne peut être qu'immense à la fin du visionnage de ce film (en 3D mais aussi en 2D) puisque JAMAIS les effets numériques n'ont atteint
un tel niveau de réalisme, et nul doute qu'Avatar deviendra au même titre que Star Wars, Jurassik Park ou Terminator 2, un mètre étalon dans le domaine des effets
spéciaux. Les paysages sont juste sublimes, la lumière et les ombres sont quasi parfaites (il faudra de nombreuses années avant d'en déceler les défauts, s'il y en a), les animaux sont
impressionants, et particulièrement les Banshees, mais surtout, et le film aura l'oscar des meilleurs effets spéciaux rien que pour ça, les Na'vis sont d'un réalisme troublant. S'il est vrai que
les « figurants » sont un peu moins « crédibles » c'est uniquement à cause de la comparaison avec les personnages de Jake (en avatar) et surtout de Neytiri. Cette dernière est
clairement la créature en « performance capture » la plus crédible jusqu'à maintenant, à un tel point que Gollum en prend un sérieux coup de vieux (même s'il reste et restera toujours
réussi). Physiquement on croirait tout simplement qu'elle existe, le maquillage et les prothèses n'auraient pas pu donner un meilleur rendu. En terme de jeu la barre est remise très haut, le
procédé de « performance capture » ayant été amélioré notamment par une caméra qui filmait tous les traits du visage. Le jeu des acteurs est donc rendu parfaitement et il est très
facile de reconnaitre les traits de Zoé Saldana mais aussi de Sam Worthington ou de Sigourney Weaver. Nul doute que cette technique donne une liberté totale et permet la réalisation de scènes qui
auraient été impossibles il y a quelques années. Ce procédé atteint un niveau d'émotion incroyable lors de deux scènes : la première étant la scène d'amour où les deux créatures
« numériques » (on en vient même à en douter), Jake et Neytiri, s'embrassent et livrent ainsi le plus beau baiser de l'année ; la seconde scène se situe à la fin du long-métrage
où, dans une étreinte, le numérique et la réalité deviennent indissociables.
Avatar est donc clairement une énorme réussite visuelle et technique. Mais le film tient-il
au niveau du scénario, ses quelques détracteurs (peu nombreux pour l'instant, mais ça ne saurait tarder) le comparant à un Danse avec les Loups chez les Schtroumpfs, souvent avant même de
l'avoir vu ? Outre le fait qu'Avatar n'a aucun rapport avec la bande dessinée de Peyo (enfin si, Schtroumpfs = bleu = Navis = humour pas drôle et absence totale d'argument...), il
est vrai que le film de Cameron possède quelques similitudes avec le film de Kevin Costner, et avec le mythe de Pocahontas si on veut faire plus général ; mythe qui, il semble nécessaire de
le rappeler, est un des mythes fondateurs de toute la culture américaine. Certes Avatar ne révolutionnera pas l'écriture du scénario, mais cela n'a jamais été son objectif. Si on la résume
à son maximum, l'histoire dAvatar est celle d'un homme qui va découvrir un camp « adverse » et dont il va finir par s'attacher. Trame scénaristique, il faut aussi le rappeler,
qui soutenait des films « simplistes » comme Danse avec les Loups, mais aussi Le Nouveau Monde de Terence Malick, Le Dernier Samouraï d'Edward Zwick, Mission
de Roland Joffé, Lawrence d'Arabie de David Lean, le très récent District 9 de Neil Blomkamp ou carrément Les Aventures de Rabbi Jacob de Gérard Oury ou de Bienvenue chez
les Ch'tis de Dany Boon (cette même trame étant souvent utilisé dans le genre de la comédie). On le voit bien, cette histoire de la découverte de l'« Autre » a été utilisée de
nombreuses fois, et pas seulement dans Danse avec les Loups, mais a surtout donné lieu à des films diamétralement opposés.
Histoire d'en rajouter une couche, on peut citer un grand nombre de films au scénario parfois très hollywoodien et simple mais jamais
« simpliste » : la majorité de la filmographie de Clint Eastwood (en tant que réalisateur) avec son excellent Gran Torino en tête, la quasi-totalité des films de Walt
Disney, de Pixar, Star Wars (puisque dans le scénario d'Avatar on ne tient jamais compte bizarrement de la création de Pandora, alors si on enlève la création de l'univers de la
saga de Lucas le scénario se révèle bien classique et emprunt de mythologie), de nombreux films de Spielberg (Duel, Les Dents de la Mer, E.T., les quatre Indiana
Jones, les deux Jurassik Park et pourquoi pas La Guerre des Mondes),... On peut reconnaitre que certains retournements de situation
soient faciles, comme le changement de monture de Jake ou l'arrivée salvatrice des animaux de Pandora lors de la bataille finale, une scène que n'aurait d'ailleurs sûrement pas renié Miyazaki. La
véritable faiblesse du scénario se fait plutôt sur l'écriture des seconds rôles, surtout de Norm Spellman qui ne devient jaloux de son ami Jake que trop peu de temps ou celui de Trudy, la pilote
interprétée par Michelle Rodriguez qui n'est pas sans rappelé Vasquez dans Aliens le retour, dont le changement de camp est un peu rapide. Mais ces rares faiblesses s'expliquent par la
demi-heure manquante (certaines rumeurs vont jusqu'à une heure de plus), dont une introduction sur une Terre dévastée qui permettait de mieux instaurer les enjeux sur ce métal miracle tant
convoité par les humains. La raison de cette version courte est purement technique : en effet, le film était avant tout prévu pour une projection Imax qui ne peut pas, pour le moment,
excéder les deux heures cinquante. Au lieu de sortir deux versions différentes, il a donc été décidé de ne sortir que la version courte pour que tout le monde découvre le même film.
Ce que l'on peut en tout cas dire c'est que cette version « courte » demeure d'une grande
richesse si on se donne un peu la peine de bien regarder les scènes, qui sont bien loin d'être « neuneu » et clichés. Avatar ne se limite pas déjà au genre de la science fiction,
même s'il est avant tout un film de SF. Mais Cameron a aussi puisé dans la « science fantasy », le western (le parallèle avec la colonisation américaine et l'extermination des Indiens est
plus que flagrant notamment par la proximité des Na'vis avec ces derniers), le film d'aventure, le drame avec la love story entre Jake et Neytiri, le film de guerre avec certaines séquences
d'attaques qui font écho aux combats lors de la guerre du Vietnam (Quaritch buvant sa tasse de café rappelle forcement le colonel Kilgore d'Apocalypse Now qui faisait la même chose avant
la fameuse bataille des Walkyries), mais aussi l'animation, notamment japonaise avec Miyazaki et son Princesse Mononoke avec lequel Avatar a de nombreuses similitudes (presque plus
que Danse avec les Loups) comme cette Eywa, une entité naturelle et mystique reliant toutes les formes de vie de Pandora. L'inspiration n'est pas que cinématographique puisque l'influence
du manga et du jeu vidéo est non négligeable. Les inspirations sont donc multiples, et ne se limite pas à un ou deux classiques du cinéma, mais il est
évident que la simplicité apparente du film de Cameron rend avant tout hommage aux films de l'âge d'or d'Hollywood. Ce paradoxe, entre l'« âge » de ces thèmes abordés par le cinéma
depuis ses débuts et l'extrême modernité des techniques utilisées, permet d'installer plus facilement ce nouveau type de film : Cameron amène un grand changement dans le septième art tout en
n'oubliant pas les fondamentaux, ces mythes vieux comme le monde. C'est pour cette raison qu'Avatar nous touche et qu'il semble bouleverser les spectateurs du monde entier,
comme tous les films de Cameron et Titanic en tête : cette capacité de raconter une histoire universelle qui nous bouleverse parce qu'elle trouve une résonance au fond de nous-mêmes.
Enfin, comme tout grand film, ou histoire, de science fiction qui se respecte c'est avant tout de notre monde dont parle Avatar. Il y
a d'abord un message écologique qui ne surfe pas sur la « vague écolo » l'histoire ayant, il faut encore le rappeler, été conçu il y a plus de quinze ans. Et à la différence de tous les
récents documentaires sur le réchauffement climatique qui se contente d'exposer platement des faits tout en étant sponsorisé par les grands groupes pollueurs, Avatar, par l'utilisation
entre autre de la 3D, nous immerge dans cette nature, nous y attache, nous en émerveille et nous amène ainsi à être d'autant plus choqué par la destruction inconsciente de celle-ci et du mépris
des hommes (par leur réaction hilare face au concept d'Eywa, une des grandes originalités du film). L'autre grand thème d'Avatar est bien entendu celui de l'identité, et de ce point de vue
le personnage de Jake Sully est particulièrement bien écrit. L'introduction somptueuse qui met en parallèle son réveil dans le vaisseau qui l'amène sur Pandora et les flash-back qui expliquent
les raisons de sa venue ne fait qu'accentuer le déracinement de cet homme. Le monde qu'il quitte ne lui fait pas envie, il n'en est rattaché en aucune façon, et il n'arrive pas à estimer sa
« race » (pas de famille à part un frère jumeau assassiné, peu d'amis, une relation houleuse avec la biologiste Grace Augustine qu'il finira malgré tout par considérer comme une figure
maternelle,...). Ce n'est plus qu'un guerrier à l'abandon qui va « renaître » par la mort de son frère et qui va prendre sa place, dont la pension est insuffisante pour pouvoir soigner
sa paralysie et qui cherche encore une raison louable à se battre. Mais au fond de lui-même, à son arrivée sur Pandora, c'est avant tout un enfant (Neytiri le compare à un bébé lors de leur
première rencontre) dont la coupe est vide. Le film est donc celui d'une initiation, d'un apprentissage au bout duquel Jake aura pris ses responsabilité, sera à la tête de toute une
« nation » afin de se battre pour une cause juste et sera devenu un homme accompli. Le personnage de Jake est aussi l'écho du spectateur qui découvre, émerveillé, le monde de Pandora
avant de prendre la mesure des conséquences désastreuses dues à l'incompréhension et l'arrogance de l'espèce humaine. Cette dernière a causé sa propre perte sur Terre en « tuant » cette
« Mère-Nature » par mépris de cette dernière et par volonté du gain, avant d'aller sur une autre planète pour la piller, sans réfléchir à leur propre attitude et en faisant passer leur
espèce avant les autres, considérées comme primitives et dangereuses (car rien de tel qu'un discours sécuritaire pour motiver des troupes à commettre des actes irréfléchis et irréparables).
C'est le dernier grand message dAvatar qui se fait l'écho de toutes les colonisations de l'Histoire et « interventions
nécessaires », celle en Irak pour ne citer que la dernière en date. Avatar pose la question suivante : jusqu'où a-t-on le droit d'aller pour une cause qui peut être considérée
comme juste (ici, la survie de l'humanité et de la Terre) ? Peut-on tout se permettre puisque nous sommes humains ? La réponse est bien évidemment « non », mais le constat de
Cameron est bien plus pessimiste que cela car il nous montre que nous ne serions pas capables de nous arrêter à temps. Avatar regorge de scènes fortes montrant les humains comme
irrespectueux, inconscients voir carrément cruels. Les personnages de Quaritch, un formidable Stephen Lang bien plus subtil qu'il n'y parait, et de Selfridge, très bon Giovanni Ribisi également,
sont les plus éloquents. Le premier n'est qu'un pion au service d'une compagnie qui se fera trahir par l'un des rares marines qu'il estimait vraiment, puisqu'ils ont de nombreuses
caractéristiques communes comme un corps mutilé et la participation aux même conflits (il faut aussi voir sa tête lors du refus de Jake de se faire
soigner, alors qu'il avait apparemment tout fait pour tenir sa promesse), et ce dernier éprouve une rancoeur tenace pour Pandora car il s'est fait blesser dès le premier jour sur cette planète,
après avoir passé des années intact lors de différents conflits sur Terre. Le second personnage est chargé de représenter la compagnie et de veiller à ce que ses intérêts soient satisfaits, même
s'il tachera jusqu'au dernier moment à faire prévaloir la diplomatie ; on peut d'ailleurs rapprocher ce personnage à celui de Burke dans Aliens le retour. Ces deux personnages ne sont
pas foncièrement mauvais mais se doivent d'obéir à des ordres supérieurs sans avoir l'audace de les refuser. Quaritch s'emportera même dans son rôle sur la fin, notamment lors de son duel dans
son mécha avec Jake, qui fait écho au combat final d'Aliens le retour, vu qu'il est particulièrement affecté par la trahison de Jake et par son ultime échec sur cette planète qu'il déteste
(il y voit avant tout le danger plutôt que la beauté et la fragilité ; Selfridge y verra par contre un bon profit économique).
Cette déferlante de mépris, de peur et de violence trouve son paroxysme dans deux scènes, les plus fortes d'Avatar. La première est
la destruction de l'Arbre-Maison, un arbre géant haut de plusieurs kilomètres qui abrite toute la tribu. Cet arbre est le symbole même de leur proximité et de leur amour avec la nature mais est
aussi la concrétisation de ce lien des Na'vis avec Eywa, il symbolise tout ce dont ils croient mais est aussi leur abri qui renferme tout leur héritage (leur montures y vivent, le tronc est
aménagé comme un village et on y trouve des reliques comme le squelette d'un « Toruk », le plus grand prédateur aérien de Pandora,...). La destruction de ce symbole peut évidemment
faire écho à la destruction d'un autre symbole, celle du World Trade Center (bien que le scénario ait été écrit avant cet évènement). Filmé au ralenti, avec une musique magnifique en plus de la
3D, la chute de l'arbre dans un fracas étourdissant est LA séquence d'Avatar qui atteint un niveau émotionnel bouleversant, suivi d'un exode désespéré dans un paysage embrassé qui rappelle
de mauvais épisodes de notre Histoire. La seconde séquence est bien entendu la bataille finale d'une vingtaine de minutes qui balayent toutes les vaines tentatives de Michael Bay, Emmerich et
compagnie. D'une virtuosité dingue en termes de mise en scène, d'une inventivité et d'une intensité rare et franchement dévastateur au niveau pyrotechnique mais aussi poétique et émotionnel, ce
qui démarque Cameron de nombreux faiseurs, elle nous montre un combat hautement symbolique : l'homme et la technologie contre la nature, ce qui rappelle encore une fois Princesse
Mononoke, et dont l'issue est la survie et la libération de tout un peuple. L'unique combat qui mérite donc d'être mené.
Il y aurait encore tant de chose à dire (comme la thématique de l'abandon dans le rêve) sur
Avatar, ce nouveau chef d'oeuvre, n'ayons pas peur de ce mot car ce film en est bien un, vu sa réussite totale au niveau technique, visuel, scénaristique, musical, du jeu des acteurs,...
Le résultat est à ce point exceptionnel et jouissif que l'on finit par se demander comment on a pu parfois douter du projet de Cameron. Il est aussi excessivement rare qu'un film qui génère
autant d'impatiences et de fantasmes ait réussi à surprendre et à satisfaire la plupart des attentes. C'est donc bien une preuve de la grande qualité de cette épopée futuriste qui aura mis plus
de quinze ans à se faire. Monsieur Cameron, vous démontrez définitivement votre génie de metteur en scène et merci beaucoup de ne pas nous avoir fait attendre autant de temps pour rien :
Avatar est bien l'un des plus grands films de ces dernières années.
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